137 000 enfants vivent aujourd’hui dans des familles recomposées, et la question de leur statut légal ne se règle pas d’un trait de plume. L’adoption simple, loin de la rupture totale de l’adoption plénière, dessine un chemin entre continuité et nouvelle filiation. La loi ne fixe aucune barrière d’âge pour l’enfant, mais impose l’accord explicite du parent biologique qui exerce encore l’autorité parentale. Ce détail juridique, souvent ignoré, conditionne toute la suite.
Ce choix modifie l’équilibre familial, octroie des droits successoraux à l’enfant adopté et engage l’adoptant sur le terrain des obligations alimentaires, tout en ménageant la place de la famille d’origine. À la différence de la plénière, ses effets peuvent être remis en cause, ce qui fait de l’adoption simple une option à la fois souple et singulière.
L’adoption simple de l’enfant de son conjoint : de quoi parle-t-on exactement ?
L’adoption simple permet à un partenaire, qu’il soit marié, pacsé ou en concubinage, de tisser un lien de filiation avec l’enfant de la personne avec qui il partage sa vie. C’est une solution pensée pour accompagner les familles recomposées, sans effacer la filiation d’origine. L’enfant conserve ainsi ses droits et attaches dans sa famille biologique : aucun effacement, juste un ajout dans son histoire familiale.
Depuis la réforme de 2022, tous les couples peuvent présenter ce projet devant le tribunal judiciaire. Une condition de communauté de vie d’au moins un an est requise pour les couples non mariés, et l’adoptant doit avoir dix ans de plus que l’enfant. Il existe toutefois une dérogation pour les couples mariés : aucune durée minimale de mariage, ni condition d’âge, ne s’applique. Le consentement de l’enfant de plus de 13 ans, tout comme celui des parents biologiques si l’enfant est mineur, reste incontournable.
L’adoption simple concerne aussi les enfants issus d’une PMA, si le cadre légal est respecté, mais reste impossible pour ceux nés d’une GPA. Le juge prend la décision finale, en veillant à l’intérêt de l’enfant et à la cohérence du projet familial. Il peut refuser si le projet risque de bouleverser la stabilité familiale, ou n’apparaît pas bénéfique pour l’enfant.
Solliciter un notaire ou un avocat n’est pas un luxe : leur accompagnement permet d’éviter les écueils administratifs et de sécuriser l’ensemble du dossier. L’adoptant peut transmettre son nom à l’enfant, soit en l’ajoutant, soit en le remplaçant, selon la volonté des intéressés. Au bout du compte, l’enfant peut se retrouver avec jusqu’à trois parents reconnus officiellement, une réalité qui reflète l’évolution du droit face à la diversité des familles.
Adoption simple ou adoption plénière : comprendre les différences fondamentales
Comparer adoption simple et adoption plénière, c’est saisir deux conceptions du lien familial. L’adoption simple, souvent retenue dans les familles recomposées, crée un nouveau lien de filiation sans effacer celui de la famille d’origine. L’enfant peut continuer à entretenir des liens juridiques et successoraux avec ses parents biologiques. Il a la possibilité de porter le nom du parent adoptif, mais l’autorité parentale n’est partagée que si une déclaration conjointe est effectuée.
Avec l’adoption plénière, tout change : le lien d’origine disparaît. Juridiquement, l’enfant devient celui du parent adoptant, rien d’autre. Ses droits successoraux dans la famille d’origine tombent, et seule la nouvelle famille compte. Dans les familles recomposées, cette option est rare, car elle suppose que la filiation d’origine ne subsiste plus, ou que les liens soient rompus.
| Adoption simple | Adoption plénière | |
|---|---|---|
| Filiation d’origine | Maintenue | Rompue |
| Héritage | Double (origine et adoptive) | Famille adoptive uniquement |
| Révocabilité | Possible pour motifs graves | Jamais |
| Autorité parentale | Partagée sur déclaration | Automatique |
L’adoption simple offre cette flexibilité qui permet de composer avec la complexité des histoires familiales, là où la plénière reste l’option radicale, sans retour possible.
Le parcours à suivre pour adopter l’enfant de son conjoint en pratique
Voici les principales étapes et conditions pour adopter l’enfant de son conjoint ou partenaire, à la lumière de la réforme récente :
- La procédure est ouverte aux couples mariés, pacsés ou en union libre, pourvu qu’une communauté de vie d’au moins un an soit établie si le couple n’est pas marié.
- L’adoptant doit avoir au moins dix ans de plus que l’enfant. Dans le cas d’un couple marié, aucune durée minimale de mariage n’est requise.
- Le consentement écrit de l’enfant est indispensable dès 13 ans, devant notaire ou juge.
- Si l’enfant a deux parents vivants, leur accord à tous deux est requis. En cas de désaccord, l’adoption ne peut aboutir. Le juge s’assure aussi de l’absence de fraude ou de pression.
La demande se fait auprès du tribunal judiciaire du domicile de l’adoptant. Aucun agrément de l’Aide sociale à l’enfance n’est requis, ce qui allège considérablement la démarche. L’accompagnement par un notaire ou un avocat reste vivement conseillé pour constituer un dossier solide.
Le juge statue en fonction de l’intérêt de l’enfant et des preuves apportées. Il peut refuser la demande si elle risque de perturber l’équilibre familial. Un point de vigilance : seul un beau-parent peut adopter, et la loi limite à trois parents reconnus à l’état civil pour un même enfant.
Conséquences juridiques et patrimoniales : ce qui change pour la famille et la succession
Adopter l’enfant de son conjoint par adoption simple redessine les contours de la famille, sans renier la filiation d’origine. L’enfant bénéficie d’un double ancrage : il conserve ses droits successoraux dans la famille biologique, tout en accédant à ceux de la famille de l’adoptant. La filiation s’ajoute, elle ne remplace pas.
Concrètement, le Code civil prévoit que l’enfant adopté hérite des deux côtés. Cela lui confère le statut d’héritier réservataire dans les deux familles. Sur le plan fiscal, si l’adoptant est le conjoint du parent biologique, l’enfant bénéficie des mêmes avantages qu’un enfant biologique : abattement de 100 000 euros et taux réduits. Cette spécificité ne s’applique pas à toutes les adoptions simples, mais elle change notablement la donne dans les familles recomposées.
L’acte de naissance de l’enfant évolue : il mentionne la double filiation, et le nom du parent adoptif peut être ajouté ou remplacé, selon le choix de chacun. Là encore, la loi fixe la limite à trois parents officiels.
Sur le plan patrimonial, le droit de retour des familles d’origine subsiste si l’adopté décède sans descendance. Le Code civil veille ainsi à ce que les liens biologiques ne soient pas effacés. Enfin, l’adoption simple impacte le quotient familial et peut alléger l’imposition du foyer.
Au final, l’adoption simple de l’enfant du conjoint ne gomme rien, mais superpose les liens et redistribue les droits. Une famille recomposée y trouve parfois une reconnaissance juridique et affective attendue de longue date, là où la loi s’adapte, à petits pas, aux réalités du quotidien.


